"Parmi les activités que nous avions anticipées avant notre séjour en Indonésie se trouve l'ascension du volcan Rinjani. Culminant à 3726m d'altitude, il s'agit du 2eme plus haut sommet de l'Indonésie. On vous raconte cette belle expédition."

Du 04/10 au 07/10

Mardi 4 octobre 10h. Nous quittons le paradis des îles Gili en direction du port de Bangsal sur Lombok. On a de la chance, il ne restait que 2 personnes à embarquer pour que le bateau public soit complet et parte. Nous n'attendons que 5 min !

Nous partons pour 4 jours dans la montagne, avec un premier stop au village de Senaru, au nord de Lombok, et 3 jours complets d'expédition dans la montagne autour et sur le volcan Rinjani. On a réservé notre voyage sur Gili Air à un bon prix (2M IDR par personne) via l'agence Wanua Adventures, la même agence avec qui nous avions fait la croisière Komodo. L'agence qui opère directement pour le trekking est Bas Rinjani Trekking.

Arrivés à Bangsal Harbour, nous sommes rapidement pris en charge par le chauffeur qui nous amène à Senaru (1h30 de voiture). On en profite pour faire la connaissance avec deux autres membres de l'expédition, des Belges ! Le patron de l'agence nous a promis qu'on ne serait pas plus de 8 en tout. On attend de voir. Nous sommes reçu dans de modestes logements à Senaru, ce n'est pas le grand luxe, mais c'est largement suffisant pour une nuit.

Comme nous arrivons en début d'après midi, nous en profitons pour visiter une curiosité du coin, les cascades de Sendang Gile et de Tiu Kelep. L'entrée du parc aux cascades coûte 20k IDR par tête, ça vaut donc largement le coup. À l'entrée, on se fait tout de suite repérer par des locaux qui nous proposent leurs services en tant que guide local (d'après eux, on traverse la jungle, ça peut être dangereux...). On ne se fait pas avoir et on répond poliment que nous n'avons pas besoin d'aide.

Nous commençons notre petite randonnée dans la jungle, et c'est magnifique. On arrive rapidement à la première cascade, Sendang Gile, mais sans nous y arrêter toutefois. On s'arrêtera au retour car on nous a indiqué que la plus belle cascade était plus loin. On continue et le chemin devient moins évident. On passe quelques fois dans le torrent, en enlevant nos chaussures. On se dit que finalement, pour des personnes qui n'ont pas d'expérience (ce qui n'est pas notre cas heureusement !), le guide n'est pas une si mauvaise idée. On arrive alors à la cascade de Tiu Kelep. C'est grandiose ! Et ça mouille ! Aux éclaboussures liées au fracas de la chute d'eau s'ajoute alors une bonne pluie tropicale qui nous rappelle notre passage sur l'île de Moyo durant la croisière ! On est trempé en moins de 2 min... on s'abrite quelques minutes sous un tronc d'arbre et dès que ça se calme, nous revenons à la première cascade. On n'enlève même pas les chaussures pour traverser les ruisseaux, plus la peine et on se dit que c'est bien dommage d'avoir fait attention à l'aller ! La deuxième cascade est elle aussi sublime, et en prime nous tombons sur de nombreux singes. Je n'en avais jamais vu à l'état sauvage et en si grand nombre, c'est un moment très sympa !

Nous terminons la journée à la pension, et faisons connaissance de l'ensemble du groupe : 2 allemands, 1 catalan, 1 russe qui s'ajoutent aux deux belges. Nous sommes donc 8 au total. Un dernier briefing (assez mémorable : en gros, svp ne mourrez pas, attention aux selfies quand vous reculez pour ne pas tomber dans le vide... C'est déjà arrivé !) et direction les bras de Morphée.

J1 : mercredi 5 octobre, 6h du matin. Notre expédition commence. Notre guide, Awad, nous attend pour nous amener au point de départ de l'expédition, le village de Sembalun (1156m) où nous retrouverons également nos porteurs. Commence alors la plus difficile partie de cette expédition : le trajet dans le coffre de la camionnette ! Sans rire, c'était assez inconfortable, 1h de virages en montagne avec la barre du coffre dans le dos ! Nous arrivons enfin, et après un check-up médical (obligatoire et payant évidemment ! 20k IDR/pers.) nous rejoignons nos porteurs et démarre alors l'expédition.

Un petit mot sur les porteurs avant d'aller plus loin car j'ai beaucoup d'admiration pour ce qu'ils font. Ces hommes portent quand même environ 25 à 30kg sur deux paniers séparés par un bambous qu'ils calent sur leurs épaules. Et le plus beau, ils font ça en tongues ou pieds nus ! Incroyable ! Ils sont de surcroît plus rapides que notre groupe (ils empruntent le même itinéraire), ce qui est bien pour nous car lorsqu'on arrive le repas est prêt et les tentes sont montées (enfin sauf le premier jour où un des porteurs a eu quelques difficultés d'estomac).

Ce premier jour se passe bien, nous randonnons environ 6h, pour un total de 10km et 1600m de dénivelé positif. La randonnée est séparée par des étapes appelées "POS 1, POS 2" etc. Les repas sont bons et la vue est superbe malgré les nuages qui prennent petit à petit l'ascendant sur le ciel dégagé. La fin de journée se conclu par un feu de camp au bord du cratère de Sembalun (2639m), notre première étape de ces trois jours et le lieu de notre première nuit. Awad, notre guide, nous informe que nous devons nous lever à 2h30 du matin pour faire l'ascension de nuit du volcan Rinjani : pas de surprise, nous étions prévenu et si l'on veut avoir une chance de voir quelque chose, il vaut mieux être au sommet pour le lever du soleil, les nuages arrivant petit à petit dans la matinée. C'est souvent le cas d'ailleurs sur les îles, lorsque j'avais fait le volcan Teide dans les Canaries, le piton de la fournaise à la Réunion ou encore la montagne pelée en Martinique.

J2: 2h30. Il faut se réveiller après une courte nuit pas très confortable pour ma part (matelas peu épais). Nous mangeons très rapidement une tranche de pain de mie au miel préparée par le guide et direction la montagne. Et ça grimpe très vite tout de suite. La pente est raide, dans du sable volcanique. Ça rentre dans les chaussures, on fait un pas en avant mais on glisse deux pas en arrière. Bref un terrain un peu technique ! L'avantage c'est que ça réchauffe, car il fait 10 degrés à ce moment là. Arrivée sur une petite crête, la pente diminue sans toutefois devenir nulle ou négative. Le froid commence à se faire sentir à cause du vent qui nous fouette le visage. Les lumières au loin dans la nuit nous laisse deviner quel paysage s'offrira à nous, on l'espère, lorsque le soleil se lèvera. Une fois la partie en crête terminée commence alors la dernière partie, l'ascension du sommet. Et c'est très raide, également dans du sable volcanique. Il fait de plus en plus froid, les températures doivent approcher de 0. La nuit s'estompe petit à petit, et après une période d'hésitation sur le fait d'aller au sommet ou non, notamment compte tenu des nuages qui bouchent la vue tout là-haut alors que jusqu'ici c'était dégagé, nous y arrivons enfin ! On l'a fait ! Nous atteignons enfin le sommet du Rinjani, vers 6h du matin à 3726m d'altitude. Malheureusement, la vue est bouchée par les nuages, nous ne restons donc pas longtemps, en croisant les doigts pour que la vue se dégage durant la descente.

Ce qui ne tarde pas à arriver, et quel spectacle ! Un festival de couleurs, de la jungle, un lac, un cratère avec des fumées qui s'en dégagent (le Rinjani est un volcan actif), le noir de la terre volcanique, et l'orange du lever de soleil. Magnifique, cette ascension délicate valait vraiment le coup. Place à une longue descente qui nous ramène au camp de base pour le petit déj (pancakes !!). Il est 9h du matin... Et une journée complète de randonnée nous attend encore.

Direction les fameuses "Hot springs" (sources chaudes), on se dit que c'est chouette, on va pouvoir se relaxer et se laver, et il y en a besoin ! Après plus de 2h de descente raide qui rappelle le GR20 Corse, avec une vue toujours aussi bouchée par les nuages, on arrive au bord du lac Segara Anak (2000m), que l'on pouvait apercevoir depuis le sommet du Rinjani. Un lac superbe, avec de belle couleurs. Et une petite particularité, un des bras du lac a une eau marron très clair / orange. C'est lié à la chaleur dégagée par le cratère du volcan à quelques pas d'ici, l'eau est bouillante et de la fumée volcanique s'en dégage.

A 5 minutes de marche, notre guide nous amène aux sources chaudes pendant qu'il prépare le déjeuner. Et il faut dire que c'est un peu la déception sur place. L'endroit est sale, apparemment ils font la cuisine d'un côté des sources, le sol est jonché de petits détritus en tout genre. On se dit qu'on va essayer d'aller faire trempette tout près de la source pour avoir de l'eau propre, mais l'eau est trop chaude et on arrive tant bien que mal à mettre les jambes... C'est déjà ça. C'est quand bien bien dommage, car l'endroit pourrait être un véritable petit coin de paradis.

En parlant de détritus, on a d'ailleurs constaté que les chemins empruntés sont très propres, mais les zones de campement et les "POS" sont très sales. On voit des singes jouer avec les détritus (et s'enfuir avec pour aller trier plus loin !). Sans que ça gâche le moment, c'est quand même un peu révoltant. On pose des questions à Awad, notre guide, de façon diplomatique, il nous dit que les ranger passent 5 fois par an pour tout nettoyer, et qu'ils vont passer dans un mois. Ils ont donc réussi à accumuler une telle quantité de déchets en l'espace de quelques semaines, c'est désolant ! Malheureusement j'ai aussi l'impression que c'est un constat assez récurrent dans les lieux populaires que nous avons visités, seules les zones vraiment touristiques comme les îles Gili restent très propres par exemple.

Une fois terminées les sources chaudes, on déjeune et c'est parti pour une grande montée de plus de 3h qui devrait nous mener à notre camp de base n°2, le cratère de Senaru (2461m), pour passer la nuit. La pente est raide, il faut poser la main par endroits. Mon admiration pour nos porteurs, qui empruntent le même chemin que nous, est encore plus exacerbée.

Sur le passage, il reste beaucoup d'éboulis et de fractures de la Terre qui sont liées aux derniers tremblements de terre (2018). Notre guide nous explique qu'il leur a fallu 3 ans pour reconstruire tous les chemins, et il était d'ailleurs présent sur le Rinjani avec des randonneurs lorsqu'un des derniers tremblements de terre a eu lieu. Il en a pleuré de peur sur le coup. C'était assez touchant de l'entendre en parler et quelque part on ne peut s'empêcher de se dire que ça pourrait nous arriver, là, maintenant.

Mais heureusement tout va bien et on termine cette très grosse journée (17km, 1900m de dénivelé, 13h) au sommet du cratère avec un ciel dégagé nous permettant d'apercevoir le lac et, au loin, le sommet du volcan que nous avons gravi le matin même ! On ne veille pas très longtemps et après un dinner rapide au chaud dans la tente, on s'endort en se disant que le lendemain c'est le dernier jour de notre expédition et qu'il va falloir redescendre de ce paradis montagneux.

J3: voici venu le dernier jour de notre trip au Rinjani. C'est parti pour une descente dans la jungle durant 5h avant d'être récupéré par une voiture pour nous ramener au port de Bangsal et à Gili Air, notre prochaine destination pour nous reposer. Si vous avez bien suivi, on était donc avant à Gili Air et on y sera aussi après le Rinjani ! En effet, on a bien aimé cette île, on vous raconte ça dans un prochain article.

Nous redescendons donc dans la jungle, ça se passe bien, un peu mal aux jambes après la grosse journée de la veille, mais la bonne nouvelle c'est qu'il n'y a plus aucun nuage, pour l'instant ! Le groupe s'est aussi bien réduit. En effet, le couple d'Allemands avait prévu seulement 2 jours et est donc redescendu directement du volcan en bas de la vallée (par là où nous sommes montés), et le Catalan a eu un problème de genou, il est donc redescendu également la veille avec les allemands. Il ne reste plus que les Français (nous!), les belges, et Roman, le russe.

On a eu l'occasion de discuter (inévitablement...) avec lui de ce qu'il se passe en Russie à cause de la guerre et comment il ressent cela. Il fait partie de ceux qui s'opposent à la guerre (comme beaucoup d'autres russes en fait...), et il est même en train de fuir son pays pour reconstruire avec sa famille au Royaume-Uni (apparemment pour les papiers et les visa c'est un pays où c'est rapide et efficace). Je trouve ça courageux, ça a vraiment l'air d'être un bon gars et j'espère que ces projets iront à leurs termes. De ce qu'il nous a dit, son visa est ok et il attend celui de sa femme et son fils.

On arrive donc 5h plus tard, au terme d'une longue descente peu technique mais musculairement fatiguante car beaucoup de racines à enjamber et il faut chaud ! On fait une dernière photo de groupe à l'entrée (ou plutôt la sortie pour nous!) du parc et là surprise, ce n'est pas une voiture qui vient nous chercher mais des scooters... On fait comprendre qu'on n'est pas super contents (c'est pas ce qui était convenu), il vient de pleuvoir, les routes sont mouillées et on n'a même pas de casques... On accepte non sans inquiétude, heureusement le trajet ne dure que 10 minutes. Arrivé à Senaru, on récupère notre 2eme sac qui était consigné (on se balade toujours avec toute nos affaires sur nous...) et on se fait amener en voiture à Bangsal. Le trajet a été très rapide, c'était un petit jeune au volant, et il a roulé très vite, l'oreille collée au téléphone.. bref!

En tout cas ce séjour au Rinjani laissera sa marque dans nos esprits. 3 jours hors du temps, déconnectés, physiques, difficiles moralement parfois (météo pas terrible), mais exceptionnellement beaux et impressionnants. A faire, mais on vous recommande quand même d'être affûtés !

Pour voir toutes les photos, c'est par ici !

Pour accéder à la trace gps détaillée, vous pouvez aller consulter mon compte Strava.